20 juin 2011

GENEVE CHAMPION SUISSE LNA 2010-11: Super article de Sylvain Rossel sur le site "Cartonrouge.ch"

GENEVE CHAMPION SUISSE LNA 2010-11:


*RINK HOCKEY
SAMEDI 18 JUIN 2011
par Sylvain Rossel
À l'occasion de la finalissima entre le Genève RHC et le RSV Weil, CartonRouge.ch te présente, à toi cher lecteur, un sport méconnu du grand public : le rink-hockey. Si ce nom ne t'évoque rien, sache que tu n'es de loin pas le seul. En effet c'est le genre de sport où l'on parle d'une grande famille plutôt que d'une fédération. Dans l'ombre du hockey sur glace, le hockey du pauvre ne cherche qu'à s'enrichir tant il a séduit le nombreux public de la Queue d'Arve.

Quand y'a pas de glace, bah y'a du rink
Le hockey ressemblerait beaucoup à Ronaldo, le vrai, l'unique, s'il n'avait pas subi de castration : c'est une interminable suite de déclinaisons. On y trouve le hockey sur glace bien évidemment mais aussi le hockey sur gazon, le inline-hockey, le unihockey, le street-hockey et même le hockey subaquatique (oui oui !). Dans cette famille plutôt nombreuse, on y retrouve le rink-hockey, originaire sans surprise de l'Angleterre, mère patrie de tous les sports. Pourtant c'est dans les pays latins que le «rink» trouve le plus grand écho. Il faut dire que le rink-hockey ne souffrait là-bas pas trop de la concurrence du hockey sur glace. Dès lors, les maîtres incontestés de la discipline sont les Espagnols et les Portugais qui ont raflé 29 (respectivement 15 et 14) des 38 couronnes mondiales mises en jeu depuis 1936. Mais depuis six ans on assiste à une domination outrageuse de l'Espagne qui est invaincue dans toutes les compétitions internationales depuis 2005.Derrière ces grandes nations, la Suisse tente d'exister et le fait plutôt bien. Loin du manque d'ambition du hockey sur glace qui vise sans cesse les quarts de finale, loin de se satisfaire d'une victoire contre les futurs champions du monde comme au foot, cette Suisse-là en veut et a fini vice-championne d'Europe et vice-championne du monde en 2006 et 2007. De là à dire que le rink-hockey présente la meilleure équipe Suisse, c'est un pas que je me garderai bien de franchir. Au niveau national, comme un vulgaire championnat d'Europe de l'Est de football, le Montreux HC a longtemps remporté tout ce qui se faisait avec pas moins de 48 titres de champion suisse en 62 ans, le dernier remontant à 1987. Depuis, les choses se sont calmées et on a retrouvé un championnat un peu plus normal, le Genève RHC reprenant le rôle du FC Barcelone du rink-hockey suisse, gardant toutefois suffisamment d'empêcheurs de tourner en rond à la Mourinho pour l'empêcher de tout rafler.

In Chris We Trust !
Loin de tous ces chiffres, l'histoire s'écrivait directement samedi passé à Genève. La queue d'Arve accueillait en effet le match au sommet du championnat helvétique. De ce duel sortira le champion Suisse 2011 avec d'un coté le Genève RHC et de l'autre le RSV Weil, club situé dans la banlieue de Bâle, mais coté... allemand. Oui, le rink-hockey est sport où le champion suisse peut très bien être Allemand ! Et pour cette véritable «finalissima», la folie s'emparait du centre sportif genevois : pas moins de deux cars de supporters allemands ont débarqué pour envahir les lieux, certains disent même avoir vu des ultras ! Coté genevois, pas besoin d'une cohorte de fans pour faire peur à l'adversaire : le club avait tout simplement invité le Special One, le dieu régional : Chris McSorley, qui vient apporter la balle au centre de la piste non sans marquer un but au passage au gardien allemand, montrant ainsi le chemin de la vérité aux Genevois qui en auront bien besoin.


Le décor est posé, il ne reste plus que les joueurs pour lancer les hostilités de ce match inter-et-national. Le rink se joue à cinq contre cinq – quatre joueurs de champ et un gardien. Le banc est constitué du même nombre de joueurs et l'entraîneur peut effectuer autant de changements qu'il le souhaite. Les athlètes doivent tenir deux fois 25 minutes sur une surface de jeu restreinte favorisant un jeu rapide et technique. Ces données vont se vérifier dès le coup d'envoi avec un jeu engagé et véloce, chauffé à bloc dans une ambiance digne des plus grands stades, qui ferait presque passer les supporters du SC Berne pour des amateurs. Ultra-dominateurs, les Genevois se font pourtant avoir comme des juniors, par trois fois, sur à peu près les trois seules actions bâloises du match. Dans les rôles des casseurs d'ambiance j'ai nommé : Bross (non, son prénom n'est pas Mario), Abraha et Ingold qui, en à peine douze minutes, donnent une leçon de réalisme gratuite au champion suisse sortant. À la fin de l'acte I, le Genève RHC panique, son public ne dit plus mot ; les ultras allemand eux, oui. Encore un but et c'était les fumigènes dans la salle !Début de l'acte II, l'entraîneur genevois Pedro Antunes tente un petit coup de poker, il sort son gardien titulaire Cavadini pour lancer Chevalley, 40 ans au compteur. On n'exclut pas que Chris McSorley ait eu une quelconque influence sur ce choix. Genève ressert les rangs, domine toujours autant mais est victime d'un véritable persécuteur : Dietrich, le gardien suisse de l'équipe allemande détourne absolument tout ! Qui plus est avec une sadique facilité. Il faudra une déviation imparable de Brentini sur un tir de Desponds pour rallumer l'espoir genevois et entamer une véritable course poursuite. Genève y croit, Weil tremble un peu, les supporters bâlois n'ont toujours rien allumé, on retrouve une ambiance un peu plus normale pour un match de rink-hockey. Pause. On souffle un petit coup, l'occasion de constater qu'au rink-hockey la seule fois du match où le public genevois est debout c'est lorsqu'il se rend à la buvette.


Le troisième acte peut commencer, Genève prend directement le commandement des opérations comme il l'avait fait en première mi-temps, à la différence que la petite leçon d'efficacité a payé et les hommes du bout du lac ne se font plus avoir comme des cons sur les contre-attaques allemandes. Mais voilà, le problème se situe plus exactement du coté du gardien. Dietrich continue son récital et écœure les rouges et jaunes, poussant Desponds à commettre l'irréparable. Par sa faute ou celle de l'arbitre, ça dépend de quel coté on se situe, Genève se retrouve à trois contre quatre pendant deux minutes. Mais les hommes de Pedro Antunes tiennent bon ! Et si l'aura de Mcsorley commençait à faire son effet ? Suivant le chemin montré par le Special One en début de partie, les Genevois vont enfin réussir à trouer Dietrich. En à peine deux minutes, ils reviennent de 1-3 à 3-3 grâce à Jimenez et von Däniken. À ce moment-là, Genève est champion suisse étant donné qu'il compte deux points d'avance sur les Bâlois et que ce match nul suffirait à enflammer leur nuit ! Le public ne s'est pas trompé et se manifeste vivement. Tous les spectateurs oublient leur âge, leurs conditions, et retrouvent tous un esprit de jeune ultra, prêt à fêter la victoire de leurs favoris dans tous les bars de la ville jusqu'au petit matin ! De la musique d'avenir, car en attendant il reste dix minutes à jouer. Et pour résumer à quoi elles ont ressemblé, imaginez-vous seul, bloqué une journée dans un ascenseur avec une télévision et une radio. La première est bloquée sur la TSR, la seconde sur du Patrick Sebastien, volume maximal ! Oui, vous l'aurez compris, ces dix dernières minutes furent IN-TER-MI-NA-BLES ! Les allemands n'en finissent plus de presser, le public on ne l'entend plus, paraît même que quatre spectateurs ont dû être transportés aux urgences pour cause d'hyperventilation et Genève tremble pour son titre. Heureusement, Chris veille au bonheur des siens et honnêtement on l'avait rarement vu aussi agité à sa place, se levant à la moindre occasion genevoise, encourageant, criant et même transpirant pour les couleurs de sa ville !

We Are The Champions

Fin de l'acte III, le coup de sifflet final retentit, Genève a tenu bon, Genève est champion Suisse et Dieu que c'est bon ! Le public est en transe, comme on l'avait jamais vu auparavant, et on est pas loin d'un orgasme général dans la salle ! On se félicite, s'embrasse et se remercie encore tout fou de ce rêve qui nous a été vendu ce soir ! Après le Servette FC et l'Étoile-Carouge FC, n'oublie pas cher Genevois de citer le Genève RHC dans tes vendeurs de rêves préférés. D'autant plus que Chris McSorley était venu pour montrer la voie ce soir-là et qu'il est reparti avec un guide gratuit pour «gagner (enfin) un titre de champion Suisse pour les nuls». Quoi qu'il en soit, ce titre est le onzième en tout pour le Genève RHC qui conserve donc son bien et qui remporte le championnat avec deux points d'avance sur Weil et huit sur Friedlingen, autre équipe allemande. Je vous jure qu'il s'agit bien du championnat suisse malgré tout, d'ailleurs la première équipe helvétique est à treize points du champion. La mission est donc accomplie, le public est en feu, Queen pouvait hurler toute la nuit son hymne aux champions car elle s'annonçait longue et arrosée. L'acte IV ne faisait que commencer, sans vraiment savoir quand il s'arrêterait, ni... comment !


Genève RHC – RSV Weil am Rhein 3-3 (1-3)
Centre sportif des Vernets.
Arbitres : Dutoit/Lewis.
Buts : 6e Bross 0-1, 10e Abraha 0-2, 12e Ingold 0-3, 14e Brentini 1-3, 39e Jimenez 2-3, 40e Von Däniken 3-3.

Genève RHC: Cavadini (12e Chevalley); Forel, Monroy, Matter, Brentini, Desponds, Jimenez, Von Däniken, Ortola.

RSV Weil am Rhein: Dietrich; Werner, Abraha, Lain, Furtwängler, Schaller, Ingold, Bross, Wörner.

Classement du tour final 2010/2011

1. Genève RHC – 41 pts
2. RSV Weil – 39 pts
3. RHC Friedlingen – 33 pts
4. RSC Uttigen – 28 pts
5. RC Biasca – 25 pts
6. RHC Wimmis – 22 pts

Photos Didier Rossel, copyright http://rossel.c.la

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